L’art du goût
L’idée peut paraître surprenante et même sembler saugrenue. Faire faire de la pâtisserie à des adolescents souffrant notamment de troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie,…) peut être une thérapie excellente, mais risquée avec la possibilité du dégoût définitif de l’aliment. Depuis sa création en 2002, l’atelier réalisé en partenariat avec le Lycée Hôtelier de Metz est animé par le Chef Claude Parmentelat et deux bénévoles de la Pédiatrie Enchantée, Marie Paule Bernard et Marie Claude Arnould. La relation chaleureuse de création et de travail qui se construit entre l’équipe et le groupe ont fait de cet atelier l’une des principales activités de la semaine. Entre fouets, poche à douille et petites cuillères, les saveurs se mélangent et les odeurs sont dignes d’une grande pâtisserie. De la couleur, du goût, de la précision, tout y est pour qu’un simple financier devienne un émerveillement pour tous les sens en se parant de ses habits de pistache et de framboise, grâce au travail des adolescentes guidées par le Chef.
Quelquefois, les jeunes ne veulent pas toucher quoi que ce soit, ou ne veulent pas goûter. Parfois il faut quelques mois pour qu’elles goûtent du bout des lèvres. Mais l’essentiel est d’être présent car le moment est convivial, on est dans l’échange, à la fois on apprend, on fabrique, et à la fois on créé et on partage lors de la dégustation. C’est une réelle générosité qui s’installe entre le maître pâtissier, les bénévoles et les adolescents ; or l’anorexie mentale est une maladie terrible d’enfermement sur soi.
L’imaginaire, l’art, la création reste la seule voie d’évasion face à l’enfermement quel qu’il soit, y compris dans la maladie. S’ouvrir au monde pour guérir et se réconcilier avec la nourriture, voilà le mot d’ordre. La plus belle récompense de cet atelier est la lecture des mots des adolescentes inscrits chaque semaine dans le livre d’or : « C’était vraiment excellent, une explosion de saveurs à chaque bouchée qui me réconcilie à chaque instant avec la nourriture, Merci Chef, Marie Paule et Marie Claude ! »